Elvire Colin-Madan
M2 Édition d'art - Livre d'artiste 2021-2022
Dès l’annonce du sujet, j’ai très vite voulu travailler autour une boite avec une multitude d’éléments à l’intérieur. J’avais imaginé travailler sur le thème du voyage en réalisant un livre étoile. Après quelques tests, je me suis assez vite orientée vers la forme du carnet de voyage qui s’adaptait parfaitement à mon intention : un projet très protocolaire, voire scientifique, mais en faisant aussi appel aux souvenirs. Une fois que nous avons évoqué et validé l’idée de la boite, nous avons décidé que dans le cadre d’un multiple, il serait plus simple pour moi de commander 3 boites et d’adapter la taille des livres à l’intérieur plutôt que d’en fabriquer 3 moi-même.
J’ai donc acheté trois boites de 26 cm x 37,5 cm et j’ai commencé à penser mes six livres. Au début, le livre noir devait être collé sur le couvercle de la boite, elle-même trouée en forme de cercle en son centre. L’idée était d’inviter le lectorat à rentrer dans le Pays des Merveilles sans lui laisser le choix de le faire. L’extérieur de la boite symboliserait alors le monde réel et l’intérieur, le pays découvert par Alice. Au fur et à mesure de ma réflexion, le livre noir est entré dans la boite, mais disposé sur le dessus. De cette manière, j’oblige le lectorat à le lire pour accéder aux cinq autres, qui se situent en dessous. J’ai créé des estrades pour les surélever et accentuer l’effet de profondeur à l’aide d’un « papier de travail » 130gr que j’ai trouvé au Baz’art de la faculté. J’aimais bien l’idée que tous les livres se complètent et qu’aucun ne flotte dans la boite. Je les ai pensés parallèlement par leur fond mais aussi leur forme. Chaque livre a une forme et une reliure différente, seul le papier de couverture est identique sur chacun. Je voulais des couleurs vives et douce à la fois, ce que j’ai pu retrouver avec l’utilisation du papier suédé dans ses teintes et sa texture. Il me tenait à cœur qu’aucune des reliures n’apparaissent directement. Je voulais que lorsque le lectorat ouvre la boite il se trouve face à 6 livres sans en comprendre directement leur fonctionnement. Les reliures ont au final toutes été cachées. Le titre sur la boîte est écrit lui aussi dans du papier suédé, découpé précisément grâce au ploter, avec la même typographie utilisée dans les différents livres.
Avant de me lancer, j’ai réalisé une boite miniature et 5 petits livres pour me rendre compte du rapport des tailles. Nous en avons discuté, je vous ai montré mes tests de reliure à base de boite de cornflakes et je suis ensuite passée à la réalisation. Le projet a peu changé depuis sa création par la suite.
MON VOYAGE
LIVRE
MON VOYAGE, qui rassemble au total six ouvrages aux reliures et formats différents, est un projet sur le périple d’Alice au pays des Merveilles. J’ai réalisé, de manière très protocolaire, ce que je qualifierais être un carnet de voyage. Toutes mes réflexions ont gravité autour de cette notion de retranscription d’un voyage. Chacun des ouvrages est sur un thème différent : la chute dans le terrier, le temps, les aliments, le langage, les habitants et la nature du pays.
RELIURE
J'ai monté les boites, puis j'ai inséré les supports qui permettent de surélever les livres. Pour la couverture, j'ai utiliser du papier suédé noir, découpé au ploter.
MATÉRIEL
boite noir, papier de travail 130gr., papier suédé noir, ploter
FORMAT
Dimensions de la boîte : 26 x 37,5 cm
LIVRE 1 - LE TERRIER
TECHNIQUE
LIVRE
Lors de mes premiers tests, j’étais partie sur une reliure cousue à la japonaise, mais cachée. Ce qui m’intéressait avec cette technique était le fait de pouvoir relier les feuilles simples sans avoir à en faire des cahiers (plus complexe à découper au ploter). J’avais fait un test, mais finalement vous m’avez proposé une couture à la machine, car c’était la manière la plus adaptée pour les calques. Nous avons eu du mal à les caler mais nous avons réussi et le résultat est au rendez-vous. Nous avons rencontré plusieurs problèmes : les feuilles de calque qui glissent et le fait que nous n’avions qu’une chance pour y arriver (sinon, j’aurais dû recommencer les découpes au ploter etc.)
RELIURE
Une fois que mon cahier de calque était cousu, j’ai rainé le papier suédé et j’ai utilisé du scotch double face très fin tout le long de la reliure entre le papier suédé et le cahier de calque.
Le premier livre, le noir, qui symbolise la chute d’Alice dans le trou du lapin, est aux dimensions de la boite pour ne pas laisser d’autre choix à la personne qui l’ouvre que de tomber à son tour dans le pays sans frontières.
MATÉRIEL
1 feuille de papier suédé noir, 10 feuilles de calque 90gr., un ploter pour les découper, une machine à coudre, du fil, et du scotch double face ph neutre.
FORMAT
25 x 35 cm.
LIVRE 2 - LE TEMPS
TECHNIQUE
Pour le livre du temps, la technique du leporello a été trouvée un peu plus tardivement que les autres. Au début, j’avais imaginé un grand poster avec les 16 petites horloges d’un côté et une grande horloge de l’autre. Mais le problème était l’impression, puis la pliure d’une grande photo ou alors le collage de plusieurs petites… Finalement, après quelques réflexions, mais toujours pour garder ce côté recto/verso, j’ai opté pour un leporello à la taille standard 11x17cm. Un leporello se doit d’être parfait sur la coupe et le fait d’avoir les photographies directement coupées par le photographe m’a permis un rendu très propre sans que je n’ai eu besoin de venir les couper. Ici le plus compliqué a été le millième à prévoir entre les photos. Au final, le kraft gommé m’a permis de laisser un millième marron, de la même tonalité de couleur que les images, ce qui n’a pas du tout été dérangeant.
RELIURE
J’ai collé deux par deux les photos, puis j’ai assemblé ces différentes parties entres elles. À la fin j’ai collé le carton recouvert de papier suédé sur une feuille reliée à une photo.
LIVRE
Dans le livre du temps, j’ai opté pour un leporello. Alice a gravé 18h, l’heure symbolique du thé, sur de multiples photographies d’horloge, prises à Saint- Étienne.
MATÉRIEL
1 feuille de papier suédé marron, 1 feuille de carton, colle, papier photo mat, kraft gommé marron.
FORMAT
11 x 17 cm.
LIVRE 3 - ALIMENTATION
LIVRE
TECHNIQUE
Dès le début, l’idée pour ce livre était de mettre sous vide des aliments. J’ai commencé par les feuilles plastiques, puis j’ai ensuite pensé la couverture. Ici, la principale contrainte de ce livre était son épaisseur : calculer la fermeture des feuilles plastiques, de manière à ce qu’elles soient toutes de même taille, malgré l’épaisseur des différents aliments n’était pas une tâche facile. De plus, je ne voulais pas que la couverture soit souple et épouse la forme des feuilles plastiques. Je voulais un rendu avec dos plat. Assez rapidement, nous avons évoqué la technique du classeur.
RELIURE
J’ai donc coupé et recouvert de papier suédé orange un classeur transparent. J’ai ensuite perforé mes feuilles que j’ai pu glisser dans les anneaux.
Chaque page correspond à un aliment mangé, ou évoqué, qu’Alice a croisé au cours de ses périples. J’ai donc repris la liste des aliments et je suis allée les chercher en supermarché pour les mettre sous vide.
MATÉRIEL
1 feuille de papier suédé orange, un classeur transparent, feuilles en plastique spéciales & machine sous vide, perforatrice, scotch double face PH neutre.
FORMAT
12 x 16,5 cm.
LIVRE 4 - LANGAGE
LIVRE
TECHNIQUE
Pour ce livre je n’avais pas forcément pensé de reliure précise, jusqu’à ce que je tombe sur un nuancier de papier disponible dans la classe. Je vous l’ai montré en vous expliquant que je voulais essayer de le reproduire et vous m’avez prêté ces vis en plastique que j’ai pu couper à la bonne taille. J’ai eu l’idée très tôt pour ce lexique mais j’ai repoussé sa conception en me disant que ce serait le plus « simple ». Au final je n’ai pas rencontré beaucoup de problème pour celui-ci. Une des parties les plus fastidieuses était l’impression recto verso des mots et de leur définition.
RELIURE
J'ai découpé une feuille papier suédé bleu, ainsi que deux morceaux de cartons qui englobent mes feuilles offsets pliées. Le carton est troué à l’aide d’un pique épais et le papier à l’aide d’une perforatrice. La vis vient relier le tout.
Sous la forme d’un nuancier revisité, j’ai conceptualisé un lexique qui propose une liste de mots et leurs définitions tirées du livre Alice au Pays des Merveilles.
MATÉRIEL
1 feuille de papier suédé bleu, vis en plastique noir, feuille offset bleue 80gr, carton 500 gr., imprimante.
FORMAT
12 x 2,5 cm.
LIVRE 5 - POPULATION
LIVRE
TECHNIQUE
Pour ce livre, qui devait pouvoir se manipuler facilement, j’ai imaginé une reliure ludique. Je voulais qu’on puisse enlever les feuilles, s’amuser, en changer l’ordre. La reliure en laiton s’est assez vite imposée dans ma sélection. Cette reliure est pratique car elle ne donne pas d’épaisseur et permet de relier des feuilles simples sans nécessité de créer des cahiers, ce qui aurait été compliqué avec les feuilles calque. J’ai pensé dans la partie gauche une petite pochette que j’ai réalisée en repliant le papier suédé découpé préalablement et en le collant avec du scotch double face pour y ranger les photographies. Ici aussi le plus complexe a été de penser les images et les calques pour qu’ils se superposent parfaitement.
RELIURE
J’ai découpé une feuille de papier suédé rouge, que j’ai pliée à l’endroit de la pochette ainsi qu’en son centre. J’ai utilisé une perforatrice pour faire les trous dans mes feuilles calques.
J’ai voulu créer un jeu, à la manière d’un pêle-mêle (ou Arlequinade), où le lectorat doit retrouver quelle photo va avec quel calque pour recréer les personnages, tous dessinés par Lewis Carroll. La photo utilisée est la vraie Alice qui a inspiré Lewis Carroll.
MATÉRIEL
1 feuille de papier suédé rouge, 1 reliure en laiton, 1 perforatrice, feuilles calques 90gr. et papier satiné 160gr., scotch double face PH neutre.
FORMAT
12 x 16,5 cm.
LIVRE 6 - VÉGÉTATION
LIVRE
TECHNIQUE
Ce livre m’a demandé beaucoup de réflexion car c’est aussi celui que j’ai proposé pour le livre de gravure. Comme j’ai travaillé sur la forme de l’herbier, je voulais une pochette, une boite ou un support qui me permette de classer des feuilles volantes. Après m’être renseignée à l’aide de différentes réalisations d’herbiers, la pochette m’a paru être une bonne alternative. J’ai pensé à une fermeture japonaise que je trouvais assez élégante.
RELIURE
J’ai fabriqué une enveloppe que j’ai collée sur les côtés et j’ai utilisé deux machines spéciales pour les œillets : une pour faire les trous et une pour écraser l’œillet. À l’intérieur, chaque gravure est imprimée sur du papier ensemencé et glissée dans une feuille de papier japonais pliée en deux.
J’ai mis en place un herbier, qui propose des photos-gravures, imprimées sur du papier ensemencé. Les photographies ont été prises en France.
MATÉRIEL
1 feuille de papier suédé gris, une machine à trouer, une machine à œillet, colle, papier ensemencé, papier japonais 55gr.
FORMAT
12 cm x 18 cm.